L’art du chimigramme selon Light Hunter

Light Hunter (aka El-h) est mon double artistique. De même que le schizophrène entend des voix, que le médium canalise les esprits, Light Hunter (aka El-h) « s’en-thousiasme » ( il se prétend inspiré par les muses!). Irréductible romantique , il récuse la fonction « d’ingénieur des âmes » assignée à l’artiste post-moderne.

Au commencement, vient le photogramme, simple papier photosensible noir et blanc que l’on exposera à une lampe torche selon différentes modalités: il ne s’agit que de saisir uniquement la lumière et non pas l’ombre d’un objet éclairé. Ainsi une simple pochette à rembourrage d’air peut faire office d’obturateur et d’ouverture, une fois incisée.

Ensuite vient la couleur que l’on obtiendra en évitant de passer le photogramme révélé dans un bain fixateur. S’offriront alors deux possibilités:

Soit une exposition immédiate à la lumière du jour, ce qui provoquera l’irisation du photogramme:

ou bien une longue conservation à l’abri de la lumière, ce qui favorisera la déstabilisation progressive du développement:

Soit en appliquant de la gouache sur le photogramme:

Le chimigramme suivant intitulé « Horizon » combine vieillissement du papier et application d’une gouache:

Un photogramme peut aussi, selon Light Hunter (aka El-h), être le support à des émulsions de polaroids. Ainsi l’application d’une gélatine de polaroid permet de renforcer l’ébauche anthropomorphique suggérée par le premier photogramme:

Le photogramme peut enfin faire l’objet d’une exposition à une forte chaleur. Alors le film du photogramme rougit, cloque, se lézarde, faisant ainsi apparaître le papier qui supporte le film photosensible:

Parce que la photographie sans appareil ne s’assujettit pas à une quelconque représentation du réel, elle autorise toutes les variations de la palette chromatique. Ainsi afin de suggérer l’idée de destruction, de catastrophe, d’une terre retournée, de corps éparpillés, Light Hunter (aka El-h) a préféré jouer sur la gamme orangée:

Telles sont les principales techniques utilisées par Light Hunter (aka El-h) pour produire des chimigammes qu’il appelle aussi « images mentales »:

©Laurent Le Paih